J'aimais bien le St-James.

Il faut dire que j'y avais déjà passé une excellente soirée la semaine dernière, lorsque Alexandre m'avait fait découvrir le bar. Bien qu'un peu déçue que mon ami parte si vite, je m'étais quand même bien amusée en compagnie de cette charmante brune. Oh, ça n'avait pas duré avec elle, c'était une rencontre d'un soir. Histoire de s'amuser un peu. Je ne suis pas vraiment du genre à m'attacher en amour. Sauf avec Nat', sans doute l'exception qui confirme la règle.

Quoiqu'il en soit, le bar du Centre-Ville m'avait laissé d'excellents souvenirs, c'est pourquoi j'étais revenue ce soir. Un grand grand besoin de décompresser. J'étais pas mal crevée par le boulot, et même si je m'entendais bien avec mon nouveau collègue, j'avais besoin de penser à autre chose. Je n'avais pas eu le temps de recontacter Paint et n'avais eu aucune nouvelle depuis la dernière fois. En fait, je n'avais pas une seule fois entendu parler de "modifications génétiques", et ce n'était pas pour me déplaire. Cette histoire me fichait vraiment la trouille.

Mais bon, j'étais là pour me détendre, pas pour me prendre la tête. Donc exit le travail, exit les spéciaux. Ne comptait que le verre de rhum-coca que j'avais devant moi et les jolies filles qui traînaient au comptoir. Mais je n'avais pas envie de draguer ce soir. Juste faire une ou deux connaissances, discuter, rire, blaguer. En gros, se dé-ten-dre ! Excellent programme selon moi, même si pour l'instant, je dois bien l'avouer, je me faisais royalement chier !

Etouffant un soupir, je me levais pour aller faire un tour au toilettes. En revenant, je bousculai sans faire exprès une jeune femme qui, de surprise, renversa son verre. J'étouffais un juron. Bordel, je pouvais pas regarder où je mettais les pieds moi ?

- Oh, je suis désolée, je ... Maxine ?

Je clignai des yeux, un brin surprise. Elle n'avait pas tellement changé pourtant j'avais du mal à la reconnaître. En même temps ça faisait quoi ? 5 ans que je ne l'avais pas vu ...

- C'est vraiment toi ? Oh, ça me fait trop plaisir de te revoir !

Nous avons étions bonnes amies quand j'étais encore à New-York. Et à l'occasion camarades de beuveries. Je souris aux quelques souvenirs de soirées fort mouvementées que nous avions passé ensemble.

Elle avait fait son stage de médecine à New-York, et nous avions vite sympathisé toutes les deux. Hélas, j'étais brutalement partie, sans la prévenir ni lui dire au revoir, à cause de mon abruti de frangin qui ne savait pas que "trafiquer avec la mafia" = "un paquet d'emmerdes". Des emmerdes qui me retombaient dessus, au point que je n'osai plus mettre le moindre doigt de pied dans ma ville natale.

J'avisai son verre renversé sur le sol.

- Désolée de t'avoir bousculée, grimaçai-je. Qu'est-ce que tu avais pris comme boisson ? Je t'en repaye une !

C'était normal, je venais de renverser sa consommation. Nous allâmes au bar et Maxine re-passa sa commande. Je payai puis la guidai jusqu'à la table où j'étais installée et où mon rhum-coca m'attendait toujours.

- Alors, tu t'es décidée à quitter la tumultueuse vie new-yorkaise pour rentrer au bercail ?

Je savais qu'elle était née à Louisville, mais à vrai dire je ne pensais la revoir en venant ici.

- Scarlett, mais que fais tu ici ?

Je n'eus pas le temps de réfléchir à une réponse possible qu'elle me serrait dans ses bras, je répondit à son embrassade, vraiment heureuse de la retrouver. Je savais pourquoi que Louisville était sa ville natale, mais pas une fois je n'avais imaginé la retrouver ici, stupide non ? Bon, il faut dire que depuis mon arrivée en ville, j'avais eu d'autres sujets de préoccupations ...

Je lui proposai de lui repayer sa consommation, puisque après tout son verre était renversé par ma faute. Après avoir fait un tour au comptoir, je la guida jusqu'à ma table et alors que nous sirotions chacune notre verre, je lui demandai quand elle s'était décidée à quitter la tumultueuse vie new-yorkaise pour rentrer au bercail.

- Et bien ça fait un an que je suis rentrée, j'exerce au Centre maintenant en tant que jeune médecin et tout se passe bien ! Et toi que fais tu ici à présent ? Ça fait longtemps que tu es là ?

Je tiquai légèrement à la mention du Centre mais ne fis aucun commentaire. Tout semblait tourner autour de ce fameux Centre ici, comme s'il s'agissait du centre névralgique de la ville. Mais bon je connaissais Maxine, si elle bossait comme médecin là-bas, elle n'était certainement pas de ceux qui faisaient des expérimentations sur les Spéciaux - s'ils existaient bel et bien car après tout ça restait encore une théorie.

- Et bien, je suis contente que tout roule pour toi ! déclarai-je.

Je bus une gorgée de mon rhum-coca.

- Je ne suis à Louisville que depuis deux semaines environ. Je débarques à peine et en fait, je crèche toujours à l'hôtel, c'est pour dire ! Sinon, je viens de trouver un boulot au Garage Hemsworth.

Elle parut un peu surprise. Mais bon, en même temps, la dernière fois qu'on s'était vues, je n'avais pas la moindre idée de ce que je voulais faire comme métier. J'eus un petit sourire gêné, je lui devais une explication. Il y a cinq ans, j'étais partie sans prévenir. Disparue sans laisser de traces. Envolée.

- Ecoute, je m'excuse pour la façon dont j'ai quitté New-York, sans dire au revoir ni laisser d'explications ... J'aime pas trop aborder le sujet, mais tu te rappelles de Neal, mon frère ? Il a eus quelques ennuis et j'ai été obligée de partir. Depuis, j'ai pas mal voyagé à travers le pays. Je me suis posée quelques temps dans le Colorado, où j'ai fait ma formation de mécanicienne. Puis j'ai atterrit ici.

Je préférai attendre un peu avant de parler de mon pouvoir. Je le lui avait caché quand j'étais à New Yorrk, peut-être avait-elle remarqué certains phénomènes étranges liés à mon pouvoir ( coupures de courant, éclairs ... ) mais elle ne savait pas que j'en étais responsable. Et puis, si elle bossait au Centre, y'avait des chances pour qu'elle soit au courant pour les Spéciaux, non ?

- En tout cas, je suis vraiment heureuse de te revoir ! Les soirées alcoolisées en ta compagnie m'avaient rudement manquées !

Je pouffai de rire. On s'était pas mal amusées dans le temps, ensemble.