Gabriel se plia au jeu en se jetant à terre et en entrainant un Noah riant aux éclats au sol. Il imita un message radio et Noah surenchérit. Je ris de les voir comme ça. Gabe pouvait dire ce qu'il voulait, il savait vraiment y faire.

-Colonel. Parrain hein ? Ouais je vais manger avec vous et ensuite on passera au terrain de balle et on se fera une partie à 3.

Nous terminâmes notre journée à lancer des balles, manger et faire un feu de camp. Noah tomba assez vite endormi, épuisé d'avoir fait le fou toute la journée. je l’emmitouflais dans ma veste pour pas qu'il prenne froid. On resta à fixer le feu en silence.

-Demain profite un max de ton fils, amuse toi et relaxe toi...On va se revoir Lundi matin cinq heure tapante à l'ancienne base.
- J'y serai... T'en fais pas pour ça.

Il se contenta d'incliner la tête. Puis il passa sa main sur le front de Noah.

-T'es un brave gosse Noah !

Il partit ensuite avec son pick-up. J'éteignis correctement le feu et pris mon fils dans mes bras avant de prendre la direction de chez moi. Il ne se réveilla même pas quand je le couchais dans son lit. Je le regardais dormir paisiblement un instant. Dire que je n'angoissai pas aurait été un sacré mensonge. Le sommeil fut long à venir cette nuit-là. La journée du lendemain fila trop vite. Je le ramenai un peu plus tôt que prévu chez sa mère, histoire de pouvoir me préparer. Je fis mon paquetage assez rapidement pour ce qui était de la tenue. Je nettoyais mon arme et cirais mes chaussures. Des gestes que j'avais répété des milliers de fois. Je glissai une photo de Noah dans mes affaires. Comme je n'arrivais pas à trouver le sommeil immédiatement, je sortis faire un tour, histoire de m'aérer l'esprit. En revenant, je rédigeai une lettre pour Noah et une pour Helen, dans le cas où je ne reviendrais pas. Une fois cela fait, je réussis à m'endormir, légèrement apaisé.

Je me réveillai au moment où la sonnerie de mon réveil démarrait. Je me préparai rapidement. Je me regardais dans la glace et me rendis compte que ma tête jurait avec l'uniforme, surtout la coupe de cheveux. Je pris un peu de temps pour me faire une coupe plus "réglementaire". Une fois prêt, je partis pour la base. Gabriel y était déjà, en tenue.

-Wouhouuu ... T'a la classe Gibson ! Ça te va encore comme un gant !

Je montrais mes épaulettes en souriant.

- C'est Lieutenant Gibson, Caporal Riordan...

J'eus un léger rire.

- Je te rassure, toi aussi ça te va toujours autant.

Il me serra dans ses bras comme si j'avais été son frère et nous sortîmes pour attendre notre pilote. Il ne tarda pas à arriver.

-Hey bah je croyais avoir de l'avance !!!
-Hey les vieux loups de mer !!! Prêt à partir ? Y me reste qu'à signer les papiers et charger les armes et on décolle !!

Il nous tapa sur l'épaule en passant.

- Bien sûr qu'on est prêt, gamin. On était prêt avant que tu saches piloter autre chose qu'un tricycle.

On alla déposer nos sacs à l'intérieur et on s'installa. C'était étrange de reposer son cul dans une bête du genre.

-C'est beau de voir la jeunesse ce démener pour les vétérants... C'est ça le respect !

Kyle lui fit un doigt d'honneur.

- Eh un peu de respect à tes supérieurs, bleusaille !

Oh bordel, c'était pas sérieux cette connerie-là. Quelques instants plus tard, on était dans le ciel. Gabriel trouva moyen de roupiller durant le trajet, moi j'étais trop nerveux. Je conversais avec Kyle qui me fit un topo sur la situation générale jusqu'à ce qu'on atterrisse. Nous sortîmes et déchargeâmes.

-J'vous suit pas ... J'ai d'autre choses à voir je vous rejoint dans quatres jours au campement McCarty est au courant... Je suis de service moi !

Gabe le fixa avant qu'il ne parte en riant. Mon ami se tourna vers moi.

-Est-ce que je suis entrain de comprendre que y a des commandos en service dans le coin et qu'ils sont pas au courant que y a des leurs en détresse ? Tu vois pourquoi j'emmerde la bleusaille ...
- Ils peuvent pas contester l'Etat-Major. ça a pas changé ça. Et ce sont pas mal des mômes, y a quelques vieux comme nous, mais ils sont genre bridés par les hauts gradés.

Je haussais les épaules.

-Rock'n roll mon frère c'est là que le plaisir commence.

Il chargea son arme et mit son sac. Je soupirais légèrement avant de l'imiter. C'était étrange d'avoir de nouveau un paquetage sur le dos. Nous fîmes le chemin jusqu'au camp monté par Abel en silence et en vigilance constante. Il commençait à faire une putain de chaleur. Nous parcourûmes rapidement la distance. On avait pas perdu la main. Je repérais la sentinelle de garde et nous allâmes la rejoindre. Abel et McCarty avaient gardé les vieux réflexes. La sentinelle nous dit rapidement où se trouvaient les autres avant de reprendre son poste. Ils semblaient n'attendre que nous.

- Salut Abel, McCarty. Toujours aucune nouvelle des nôtres ?
- Négatif. Le voyage a été ?
- Comme au bon vieux temps.

Nous échangeâmes une accolade. Je posais mon sac au sol un instant et me massais un peu les épaules. Bordel j'étais plus habitué à ça moi. Une sacoche de prof c'était carrément moins lourd.

- On estime qu'ils devraient être dans le secteur. Il y a trois bunker dans la zone, dont un moitié effondré. Tous les autres sont beaucoup plus proches des zones occupées par les rebelles, donc, en priorité, il faudra vérifier les deux du coin.

J'acquiesçai.

- Tu tiens le coup Abel ? On peut pas se permettre d'avoir la moindre faiblesse. Pour notre sécurité, il faudrait que tu considères ton frère comme n'importe quel autre soldat.

C'était dur mais il fallait bien se cuirasser un peu. La réussite de la mission tenait à ce genre de détails.

- On pourrait faire deux groupes, mais en terrain hostile, c'est un mauvais plan. Il va falloir être précis et agir vite... Et être prêt au pire. Je suppose que personne ici veut se désister ? Alors autant s'y mettre de suite. Abel, tu te sens de diriger l'opération ?

Le temps qu'il réponde, je retournais récupérer mon sac. Je me plaçais à côté de Gabriel avec un léger sourire un peu crispé.

- Vivement qu'on s'y mette parce que je vais finir par me mettre à baliser de pas rentrer ou une connerie du genre... soufflai-je. Y pourraient mettre un temps fou à nous retrouver si ça merdait.

Je soufflais légèrement.

- J'aurais jamais cru que ça me foute autant les boules de quitter Noah. J'ai même pas pu essayer d'en parler à Helen... Mon dieu, j'suis nase des fois...

Je fis part de ma légère angoisse à Gabriel. Je pouvais pas m'en empêcher. Gabe posa son fusil et se tourna vers moi en me prenant par les épaules.

-C'est pas Abe' qui tiens pas le coup là c'est toi ... Il doit considérer son frère comme n'importe qui... Toi tu dois carrément oublier que Noah et Helen existe...

Il me fixa. Il avait totalement raison. Je devais pas tout le temps penser à eux ou je mettrais la mission en péril. ça me prit quelques minutes à me calmer. Il se leva ensuite.

-Bon Kyle m'a dit qu'il nous rejoindrait et que vous êtes déjà au courant, donc on passe à autres chose... Moi, je suis rendu trop vieux pour courir à gauche et à droite. Je suis sniper et furtif, Jeff fera comme moi. Abe' et McCarty vous serez à l'avant-garde,mais avancer à couvert.

Personne ne broncha.

-Deuxièmement, c'est pas chacun pour soi, mais c'est moi qui commande. Avant de penser quel bunker prendre, dite moi qui est dans cette foutu cache. Le plus haut gradé restant sera celui en tête et c'est avec son dossier et ses agissement qu'on saura logiquement où il se terre. Si c'est Collins ont peut être certain qu'ils sont carrément dans le salondes Afghans, ce jeune con est suicidaire, mais si c'est O'Connor, ils seront dans les coins...

Pour le coup, je lui laissai volontiers d'assumer le commandement.

-O'Connor, Jensen, Firth,Nolan,Grey,Tompson et ... et mon frère. Mon caporal.
-On est pas en service, je suis un vétérant, lâche moi le caporal.

Il acquiesça.

-Oui Capo... Monsieur.

Gabriel roula des yeux.

-Allez y ... à la tomber de la nuit vous allez vous pointer au point bleu sur cette carte et on se donnera les indications pour demain. Si à 19h tapante vous êtes pas sur place je vous considère mort.

Il leur distribua des cartes avant qu'ils ne quittent. Il se tourna vers moi.

-C'est pas vrai on les chercheras, mais je veux pas qu'il fasse leur feignasse.

J'acquiesçai.

- Je me doute.

Il ramassa son arme et se mit en mode camouflage. Je l'imitais et nous partîmes à notre tour. J'étais toujours autant nerveux, bordel. On progressait dans un silence total. Il fallait vraiment être prudent. J'essuyais la sueur qui me dégoulinait dans les yeux. Foutu pays de merde. Je me redressai pour jeter un coup d'oeil par-dessus un tronc d'arbre. Une balle siffla soudainement au niveau de mon oreille. Je me rebaissais d'un coup en retenant un juron. Gabriel me plaqua au sol.

-T'es fou merde... Ressaisie-toi... Je vais pas te ramener dans une boite en bas bordel de merde, si tu y arrives pas fou le camp au campement. T'as pas de fils, Gibson!

J'avais le coeur qui me battait jusque dans les oreilles. Oh merde. J'inspirai profondément.

- Nom de dieu ... C'est bon... c'est bon...

J'essuyais de nouveau la sueur sur mon visage.

- J't'en dois une, Riordan.

Il se releva et je l'imitai. Je chassais toute chose de mon esprit et couvrit McCarty tandis qu'il faisait de même avec Abel. Il n'y eut pas d'autre incident. Je sentis peu à peu la tension me quitter et les vieux réflexes reprendre le pas. Il m'avait fallu un sacré rappel à l'ordre pour m'y mettre. On se retrouva au point prévu alors qu'il commençait à faire foutrement sombre. Nous passâmes la nuit à veiller à tour de rôle avant de repartir pour le bunker en conservant les mêmes rôles que la veille. Notre vigilance s'accrut à l'approche du bunker qu'on avait estimé la planque plus probable pour O'Connor et le reste de ses hommes. La zone était plus fréquentée par les Afghans et à voir leur allures, ils cherchaient sans doute les nôtres. Je déglutis et jetai un coup d'oeil à Gabriel. Abel et McCarty étaient planqués et on les couvrait.

- Comment on procède, maintenant ? soufflai-je.

L'oeil dans le viseur, je parcourus la zone et détectais au moins une dizaine d'ennemis. Je soufflais lentement en attendant les ordres. J'estimais qu'ils devaient avoir des sentinelles quelque part.

- Les sentinelles... On en fait quoi ?

Je doutais qu'ils aient leur camp dans les environs immédiats, mais ils devaient avoir posté des guetteurs, dans le cas où des givrés comme nous débarqueraient. J'essuyais mes mains sur ma tenue. Climat de merde. C'était pas aussi horrible dans mon souvenir.

Stop. Ne plus penser à avant. Se concentrer uniquement sur l'instant présent. Je clignais rapidement des yeux et chassais les souvenirs à l'arrière plan. Je respirai lentement, prêt à tirer à la première menace pour nos hommes en bas, mais j'attendais après les directives de Gabriel.

Je demandais les directives pour les sentinelles à Gabriel. Il regarda autour de nous un instant. Il m'indiqua que j'avais une sentinelle à 4h et fit signe de l'égorger. J'acquiesçai avant de poser mon fusil et de sortir mon couteau. Je me déplaçai furtivement jusqu'au gars et lui tranchais la gorge d'un coup net et précis, ne lui laissant aucune chance. Je retournais ensuite à ma place.

-Y en a forcément un autre, mais je le vois pas... On continue

Je lui fis signe que j'avais compris. Il me fit signe d'attendre. Lorsqu'on réussit à avoir tout ce joli monde en mire, nous ouvrîmes le feu. Trois hommes, trois balles, trois morts pour chacun. Abel et McCarty eurent droit à un rapide "corps à corps" avec les deux restants. Nous gardâmes ensuite nos positions, planqués, le temps que les échos se tassent, et de savoir si on allait avoir de la compagnie ou pas.

-Abe' , Mac'... RAS ?

Ils nous retournèrent un ok. Gabe se tourna vers moi en cherchant son souffle et me fixa avant de rire.

-Putain, je suis vraiment trop vieux pour cette merde... T'a rien ? Ça va vieux frère ? Reste à trouver l'entré du bunker, à souhaiter que si c'est le bon... Qu'il se soit pas baricader de l'intérieur, puis une fois dedans, ce sera pas fini. Y aura des blessé, peu-êtres des morts et dans tout les cas des affaiblis.Ils seront des poids pour le voyage du retour et faudra couvrir leurs arrières.

Je lui fis un sourire.

- T'es toujours a temps de retourner au camp, old boy.

Je me sentais... mortellement calme. oubliée la crise d'angoisse.

- On est pas mauvais pour couvrir les arrières, nope ? On a moins à craindre sur le retour, du moment qu'on laisse pas trop de traces.

Comme au bon vieux temps.

- L'ouverture sera au niveau de l'espace moyennement dégagé. Trop dégagé, c'est trop facile d'accès. Donc, c'est une entré assez facile d'accès mais pas extrêmement visible. Je dirais probablement entre 4 et 8h, là où le plus de gardes rôdaient.

Nous descendîmes rejoindre Abel et McCarty et progressâmes lentement autour du bunker, pour finir par dégoter une entrée comme je l'avais décrite, classique, efficace. Je demandais à Abel de dire un truc qu'il était certain que son frère reconnaîtrait, histoire qu'ils nous prennent pas pour des ennemis. Il s'exécuta, puis, après avoir reçu la réponse des retranchés, nous nous dirigeâmes vers le bunker. Ils s'étaient regroupés dans la salle principale. Ils nous accueillir avec des hourras. Je soupirais de soulagement. Ils étaient légèrement blessés pour la plupart et il leur restait à peine une poignée de munitions. On était arrivés à temps. Je regardais en souriant les retrouvailles des deux frères. Je me tournais vers Gabe.

- C'est pour ces genres de moments que je me suis engagé.

Nous répartîmes les armes à travers le groupe. Seul Tompson avait du mal à se déplacer. Probablement une entorse du genou. On fit passer des rations et de l'eau à tout le monde, avant de se préparer à repartir. On réussit à sortir du bunker sans soucis, mais les choses se gatèrent plusieurs centaines de mètres plus loin. On tomba sur un groupe armé, heureusement inférieur en nombre, et surtout, bien plus surpris que nous de les rencontrer. La fusillade fut brève, rien de méchant pour nous. Mais nous accélérâmes notre progression, notre "handicapé" aidé par deux des autres. Nous retournâmes directement au campement, où nous pûmes soigner un peu plus correctement les meurtrissures de chacun. J'allais me poser à côté de Gabriel.

- On tient pas mal le choc, pour des anciens, tu trouve pas ?

Il ne nous restait grosso modo qu'à retourner à la base la plus proche, histoire d'évacuer les gars.

- Pas sur que l'Etat Major apprécie des masses qu'on s'en soit mêlé... Tu pourrais être un instructeur de fou, tu sais ça ? Sérieusement, y aurait moins de grandes gueules.

Gabe étouffa un rire.

-Tu veux qui fassent quoi l'État Major ? Qui nous remercie pour nos service ? Y a un sacré paquet de temps que ça été fait ça
- Ils pourraient trouver un moyen de nous pourrir la vie. Je sais pas moi.

Je haussais légèrement les épaules. Il se leva et se dirigea droit sur Abel qu'il empoigna par le col.

-Toi quand tu décides de te partir un escouade secours, organise toi mieux que ça !

Il le lâcha et le pointa du doigt.

-T'avais dit que tu avais deux gars sur le terrain qui couvraient nos arrières et on les as vu nul parts,t'as une sentinelle en moin , sans trace de son corps ... T'as eu de la chance qu'ils soient dans le premier bunker qu'on fouille, je te jure que si tu serais encore sous mon régimes je te fouterais dehors. T'a jouer avec la vie de mon meilleur pote dans ta putain de mission suicide.

Un silence de mort planait sur le camp. On fixait tous Gabriel. Je savais pas vraiment où me mettre d'être pris à partie comme ça. Il enfonça son doigt dans l'épaule et se retourna.

-QUOI ?

Tout le monde se détourna. Il revint s'asseoir à côté de moi et sortit un jeu de cartes.

-Aussi bien passé le temps... Kyle sera pas la avant demain et si ça ce trouve son hélico pas avant deux jours.

Il haussa les épaules.

-Perso' je compte pas me claquer les 7 kilomètres à pied avec l'handicapé de service pour le faire évacué dans le camp Américain à l'autre bout de la plage. Ceux qui veulent y aller, grand bien leur fasse, moi je reste peinard ici... J'suis un peu déçu là, je m'attendais à plus de challenge, j'espère presque qu'ils vont nous envahir dans la nuit.

Ce fut à mon tour de hausser les épaules.

- On était venu tirer la relève d'un mauvais pas, c'est ce qu'on a fait. On ramène les enfants au bercail.

Ne pas me faire tomber dessus par dix fois plus d'hommes que notre groupe, ça ne me manquait pas vraiment.

-Je crois qu'on à un téléphone satellite dans ce que Kyle nous a laissé tu veux en profiter pour appeler Noah ?

Je le fixais, un peu surpris. On allait retourner au camp, et de là, rentrer chez nous, ça ne prendrait pas trois siècles non plus.

-Faut pas croire qu'on va débarquer à Louisville dans deux jours mon frère. Les mecs vont être rapatrier à Kaboul sur la base Américaine, c'est là qu'on devra faire face à l'État Major et se coltiner son humeur de chien jusqu'à la prochaine livraison ou rapatriement dans nos terres. Tu sais pas, mais on en a encore peu-être pour 1 mois avant de pouvoir rentrer pour de vrai.
- Putain de merde.

C'était pas prévu ça. Pas vraiment. Je m'essuyais les paumes des mains sur mon pantalon.

-T'as une idée de quoi dire ou quoi faire face au question histoire que je me prépare mentalement, sinon ça risque d'un peu mal finir...

Je soupirais.

- Le genre, qu'est-ce qu'on est venus foutre en temps que civils dans une zone de guerre, quelle folie nous a traversé l'esprit. Si on est complètement cons ou juste des arriérés mentaux. Tu vois le genre ?

Je secouais la tête avant de laisser échapper un petit rire.

- On sauve la vie de ... mômes... et on se fera remettre en place comme si c'était nous les gamins.

Jolie gratitude.

- Evite absolument de les mettre encore plus en rogne. C'était comme si on se faisait sermonner par le sergent instructeur. Avec un peu plus de grade.

Je me levai.

- Je vais appeler Noah. Traumatise pas les jeunes avec ton numéro d'ours mal léché.

J'allais récupérer le téléphone et appelait chez mon ex-femme, heureusement pour moi, ce fut Noah qui décrocha. Je parlais quelques minutes avec lui, lui demandant comment il allait, les banalités courantes. Il me raconta ses journées. Je lui dis que j'allais être absent un moment, il protesta qu'il allait bientôt commencer à jouer et qu'il voulait que je sois là quand soudain, je me retrouvais avec mon ex-femme au bout du fil.

- Qu'est-ce que tu as fait, Jeffrey ?
- Rien. Rien de grave, mais je ne pourrais pas être là pendant un moment.

Elle m'envoya plus ou moins bouler pendant les cinq minutes suivantes avant de me dire que j'allais entendre parler d'elle à mon retour où que je sois parti. Puis elle me raccrocha au nez. Je me retournais vers Gabriel.

- Si tu te maries un jour, évite absolument le divorce. Sérieusement. Je crois que j'ai plus peur de mon ex-femme en furie que de l'Etat-Major.

Je ris légèrement.

- Bon, toi comment tu te sens à l'idée d'affronter les grands pontes ?

Moi je pouvais gérer, mais lui s'il pétait un câble... C'était la merde.

- Alors, on fait une partie en attendant la suite ?

Après tout on avait rien d'autre à faire et on pouvait pas non plus trop baisser la garde. On restait en territoire ennemi.

Je trouvais que Gabriel s'en faisait un peu trop. Après tout, on avait ramené les jeunes, sans pertes, que vouloir de plus ?Je ne pensais pas qu'on nous en tienne trop rigueur... Et dans le pire des cas... J'étais assez bon orateur, avec assez de gueule pour tenir calme un amphithéâtre complet de jeunes gens surexcités les veilles de vacances... J'avais appelé Noah pour finir par me faire incendier par mon ex-femme. Avec un semi-sourire je sortis à Gabe de jamais divorcer. Il sourit.

-Tu crois vraiment que je ferai la gaffe de me marier...
- J'avais oublié que de nous deux c'était moi le poète et le romantique, fis-je, hilare.

Il ne fallait toutefois jamais dire "fontaine je ne boirais pas de ton eau". Je lui demandais comment il sentait la toute proche confrontation avec un membre de l'Etat-Major.

-Je le sens pas du tout. J'pas certain, mais de ce que j'ai compris ils ont foutuen Heisman comme État Majoir. C'est moi qui a entrainer ce ptit con, donc soit il va vouloir se la jouer je te fait chier, soit il aura du respect et fermera sa gueule. Je lui souhaite la deuxième option parce que sinon il pourra pas revenir contre moi et je vais pas me gêner pour lui taper dans les burnes

Je haussais les épaules.

- Vaudrait mieux éviter. Y a pas plus con qu'un mec à qui tu tapes dans les parties.

Il reprit son sérieux et sortit son jeu de cartes. Je proposais qu'on fasse une partie. Il acquiesça et nous commençâmes à jouer. J'étais plutôt bon aux jeux de cartes. C'était ce à quoi on pouvait le plus facilement "jouer" lorsqu'on était en mission, et ... non j'avais toujours aimé ce genre de jeux. Gabriel avait un peu plus de mal. Après trois heures, quatre jeux et une longue série de défaites pour mon ami, il claqua le paquet de cartes contre la table énervé.

-Suffit ... Putain de bordel de merde ! Comment tu fais pour être aussi calme et surtout pour toujours gagner. C'est un putain de jeux de carte, je peux pas Être si nul que ça

Je ris.

- Il suffit de pas s'énerver et de réfléchir, voir compter les cartes. C'est tout con... Suffit d'y penser.

Nous nous relevâmes.

-Va dormir, je vais assurer le tour, je te réveillerai dans deux heures.
- D'accord.

Il alla prendre la relève de la sentinelle, et j'allais m'allonger dans un coin pour essayer de dormir un peu. Nous assurâmes tous à tour de rôle la garde et au matin, nous pliâmes le camp avant de prendre la direction de la base la plus proche. Une fois rendus sur place, Gabe me retins par le bras en reconnaissant le responsable de l'Etat Major en place sur la base.

-Fausse rumeurs... Regarde à onze heure... C'est pas Heisman, c'est Fraser.

Je regardais dans la direction indiqué. On avait servi une ou deux fois ensemble. Pas mauvais comme supérieur, mais foutrement irascible... Et sans la moindre parcelle d'humour.

-T'as pas comme ... Une super idée de génie pour nous sortir de là et l'éviter ?
- En dehors de subitement se transformer en caméléon ou en invisible man ?

Je lui fis un sourire en coin.

- Laisse moi gérer la situation, ok ?... De toutes façons, c'est trop tard pour réfléchir, je crois qu'il nous charge comme un putain d'hippopotame en rut.

Quand je disais que j'étais un poète... Fraser nous rejoignit assez vite et commença à nous engueuler comme du poisson pourri. J'identifiais son grade comme étant Lieutenant Colonel. Il avait pris du galon. Je levais une main, l'interrompant dans sa beuglante.

- Lieutenant Colonel Fraser, vous oubliez que nous sommes des civils, venus de notre plein gré pour sauver une demi-douzaine de VOS hommes qui n'auraient jamais dû se retrouver piéger dans cette zone là, coupés de tous, sans aucun support technique.

Il me fixa légèrement surpris.

- Nous sommes venus ici en tant que civils, tout au plus comme mercenaires. Nous avons utilisé notre propre matériel, sans demander aucun support à l'une de vos unités. Et techniquement, c'est vous qui êtes en tort, Fraser. Nous avons servi notre pays autant que vous, vous connaissez sans nul doute nos états de service.

Je le dévisageai calmement.

- Malgré notre retour à la vie civile, nous sommes resté fidèles aux Marines. Avez-vous oublié notre devise ? Semper Fidelis. Toujours fidèles. Vous n'avez guère fait preuve de fidélité envers vos hommes pour que ce soit de simples civils qui aillent les récupérer en pleine jungle. Un de vos hommes à une entorse assez grave au genou, les autres ont simplement quelques ecchymoses et sont affamés et assoiffés, allez donc vous occuper d'eux, Lieutenant-Colonel.

Il tourna les talons et repartit aussi sec. Je me tournais vers Gabriel avant d'exploser de rire.

- Je crois qu'il a pas capté que c'est un simple Lieutenant qui l'a remis en place... Tu vois, c'était assez simple au fond.

Je ne m'étais jamais payé une aussi belle tranche de rire sur le dos d'un officier supérieur.

- Bon, eh bien, j'imagines qu'on est bon pour le prochain vol en direction de la maison... Et je pense pour une petite visite chez le général Hammond une fois au bercail.

(oui, j'ai osé xD) Je m'étirais.

- En attendant, je cracherais pas sur un repas autre que ces saloperies de rations. Y a rien de plus infâme.

J'avais remis Fraser a sa place. Je n'aurais pas cru qu'il marcherait, mais il avait couru. J'ajoutais que je ne cracherais pas sur un vrai repas. Marre des rations.

-Toi tu cracherais pas dessus... Arrange toi que ce soit pas Fraser qui crache dedans. Je sais pas pourquoi, mais je sens que tu vas être sa source d'inspiration pour la grosse commission au chiotte.

Il me fit un sourire.

-Hummmm l'odeur de l'Amérique!

Il rit et nous allâmes au mess. A l'odeur, la bouffe s'était largement améliorée depuis notre départ. Le cuistot de service prépara une grosse assiette en voyant Gabriel. Je reconnus Jones, qui venait de s'engager lors de ma derni_re année en service.

-C'est bon de vous revoir vous deux.
-Ta gueule et mets en plus ..
- Gabe...

Il m'en mis d'autres.

-C'est ce que je disais c'est bon de vous revoir !

Gabriel renifla un merci.

- Il sera plus aimable après avoir mangé. ça se passe comment ici ?
- Assez bien en dehors de ce qui est arrivé à l'unité. Heureusement que vous êtes venu.

J'acquiesçais avant de rejoindre Gabriel. Des jeunes nous laissèrent la place. Nos exploits avaient du faire le tour du campement, en plus de ce qui se racontait déjà.

-On dirait qu'on a pas trop perdu la main han !

Il commença à manger et releva les yeux vers moi une fois son plateau plus qu'entamé.

-Le ptit te manque ? Tu crois qu'elle va faire quoi Helen ? T'avais l'air anxieux après avoir racrocher avec elle.
- Bien sûr qu'il me manque. C'est mon fils. Helen est en pétard. Tu sais comment elle est. Si on s'attire des merdes... Elle risque de prendre ça comme excuses pour m'empêcher de le voir. Bordel, j'ai rangé l'uniforme pour le voir grandir, elle m'a récompensé avec le divorce !

Je soupirais. Je ne la comprenais plus du tout.

-Si tu veux j'irai y parler. Toi t'as le chic avec les haut gradé licheux de raies profonde et moi j'ai toujours eu le chic avec Helen ... Ok sauf la fois où je l'ai pris pour sa soeur et que je lui et palpée le cul ...
- Tu QUOI ?

Je lui fis les gros yeux.

-Ah tu savais pas non plus... Bah t'inquiète, je me suis pris une giffle de con en pleine gueule et j'ai jamais revu sa soeur.

Il haussa les épaules et se mit à rire.

- T'as. Palpé. Le . Cul. De ma... Femme ?

Je le fixais avant de partir dans un fou rire.

- Oh merde Gab. Ce que je ferais pas sans toi !

Je terminais mon repas.

- Tu vas faire quoi en rentrant au pays ?... Retourner t'ennuyer à ta caravane ?

Je repoussais légèrement mon plateau.

- Juste pour voir... combien de fois tu m'as sauvé le cul ? Déjà... pas au mariage. T'aurais mieux fait d'oublier les alliances ce jour-là.

Je lui fis un sourire en coin.

- Enfin tout ce qui m'importe c'est que Noah soit heureux et ait ce qu'il lui faut. Moi je pourrais pas rafistoler avec Helen. Enfin. On est des héros.

Nous plaisantâmes sur le fait qu'il ait peloté Helen. C'est clair qu'à l'époque, j'aurais accepté moyen les choses, mais à présent, je voyais ça d'un oeil amusé. Il fallait dire que la soeur d'Helen et cette dernière se ressemblaient vachement, on aurait presque pu les prendre pour des jumelles. Après ma dernière remarque, Gabriel me fit signe me m'approcher. Je me penchais vers lui et il me flanqua une taloche derrière la tête.

- Awh !

Je le fixais, sourcils froncés sans comprendre.

-Arrête de jouer au con !

Il croisa les bras en se calant sur son siège.

-Depuis que ta bite à la capacité de bander qu'elle le fait que pour Helen. T'as les couilles de venir faire face à Fraser et de prendre le premier hélico pour venir sauver des noobs, mais t'as pas les couilles de dire à ton ex que t'es encore raide dingue d'elle et que tu en parle sans arrêt.
- C'est pas pareil.

J'étais un soldat soucieux de ses hommes, c'était tout.

-Je connais pt'être pas grand chose au femme et à l'amour mec, mais j'sais que toi tu n'as jamais oublier Helen et que c'est elle ton réel combat. Tu s'ras plus jamais heureux comme tu l'as été tant que tu te seras pas battu pour la ravoir.

Il souffla d'un air exaspéré.

-Tu te laisse vaincre par un enfoiré de pompier... C'est pas grandiose ça !

Je reniflais, ironique.

- J'y ais plutôt laissé le champ libre.

Il se leva pour aller chercher deux bières. Il m'en fila une et claqua la sienne contre la mienne.

-C'est un territoire à conquérir mon frère !!!
- Elle a choisi de refaire sa vie, mon vieux. J'ia déjà eu une... explication avec son pompier.

J'eus un sourire en coin.

- Il l'a senti passer. Les soldats du feu... Si tu veux mon avis, ils valent à peine mieux que Fraser... Surtout celui-là.

Je pris une gorgée de ma bière.

- Honnêtement, laisser tomber tout ça pour retourner vivre avec elle et Noah, c'était pas la plus belle preuve d'amour que je pouvais lui faire ? J'en sais pas plus que toi, Gabe. Sauf que j'ai sans doute plus l'âme d'un romantique que toi... Mais à ce niveau là je crois que même un navet en a plus...

Je ne pus m'empêcher de rire légèrement.

- Et puis, t'es marrant à donner des conseils, monsieur le célibataire endurci ! J'irais reconquérir Helen... Le jour où tu seras casé.

Je lui fis un large sourire.

Je parlais sur le romantisme et me moquais un peu de mon ami.

-Bah c'est peu-être justement parce que t'es trop romantique... T'sais les femmes ça besoin d'un mâle qui pue la testostéronne à fond. C'est pas en les flattants dans le sens du poil que tu les concerves... Fin si, mais juste quand c'est ce qu'elle demande... C'est une des choses que j'ai compris. Ne jamais avouer à une femme que ça robe lui donne l'air d'être enceinte .. Elle aime pas trop!
- C'est pas ça le romantisme, idiot. Je te parle de romantisme... Shakespeare, ça te dit quelque chose ?

Je lui fis un sourire en coin tandis qu'il riait. J'ajoutais que je retournerais avec Helen le jour où il serait casé durablement. Il finit sa bière et jeta la bouteille directement à la poubelle.

-C'est un défi ?
- ça se pourrait.
-Parce que si s'en est un je le relève dès qu'on à les pieds en Amérique. Je me trouve une petite femme et je me case. Au pire si elle me gave je la largue quand t'auras conquérit Helen c'est pas un problème ça.

J'eus un sourire en coin.

- C'est pas du jeu si tu la largues.

Il s'avança légèrement et s'accouda sur la table.

-Ne fait pas l'erreur de croire que je peux pas tenir une femme... J'ai juste jamais voulu faire endurer mon train de vie à une d'entre elle, mais je suis capable d'être un homme normal et un père de famille aussi Gibson ... Tu pourais rester surpris.
- Je demande qu'à voir ça. Et puis, j'sais que tu serais un bon père, y a juste à te voir avec Noah.

C'était vrai, il savait y faire avec les gosses. Noah l'adorait, c'était pas pour rien. Il me fit un demi sourire.

-Je pourais peu-être même réussir à me caser avec ton ancienne belle-soeur. On a eu quelques... chaude soirée dans le temps.
- A tes risques et périls.

Je lui souris. Il tendit la main.

-Alors ... Marché conclus ? Si je fais 2 mois tu vas chercher Helen et tu la re-marie...

J'eus un sourire en coin.

- Hors de question que je me remarie. Je me remet avec elle, ok, mais je me remarie pas. Cette fois tu auras qu'à perdre les alliances.

Je terminais ma bière.

- Donc, on rentre, tu te trouves une copine, si ça dure, je repars à la conquête d'Helen, tel Pâris lors de la Guerre de Troie.

Je croisais mes bras derrière ma tête et m'étirais.

- Pourquoi j'ai l'impression que c'est moi qui vais me faire avoir dans l'histoire ?

Je lui fis un sourire en coin.

- Alors, t'as déjà une fille en vue, autre que mon ex-belle-soeur ? Remarque, on formerait une sacrée famille à nous tous.

-Tu vas t'accrocher à am jambe quand Minelas sera au bord de t'achever pour garder sa femme ?... J'aime pas la comparaison au final c'est moi qui crève et toi qui vie... C'est nul ton plan.
-Ok. J'ai plus de classe que cet avorton. Moi je me suis sorti les doigts du cul... Je te défend de dire le contraire.

J'eus un sourire en coin avant de dire que j'avais l'impression que j'étais comme qui dirait le dindon de la farce... Je lui demandais s'il avait déjà une fille en vue ou non, autre que mon ex-belle-soeur. Il secoua la tête en soupirant.

-Pourquoi j'ai fait ça !!! Faut vraiment que je t'aime comme un frère et que je veuille le meilleur pour toi tu le sais ça ?
- Je le sais.

Je lui fis un sourire en coin. Après tout , il m'avait sauvé les miches plus d'une fois.

-J'ai personne en vue, ça doit faire trois ans que j'ai pas pris mon pied et que j'ai pas essayer de draguer une meuf. Le pire dans tout ça c'est que le sexe et les femmes ça me manque même pas. J'ai carrément la tête ailleur.

Il laissa cogner sa tête contre la table en riant légèrement, puis il releva à peine ce qu'il fallait pour me fixer d'un air désabusé, puis m'agiter son index sous le nez.

-Toi ... espèce de petit veinard... Tu vas avoir la lourde tâche de faire mon éducation 101 en matière de flirt et je me fou pas de ta gueule. Je te jure mon pote... T'as du boulot !!!
- Je suis trop romantique, pas assez de testostérone pour toi...

Je lui fis un sourire ironique.

- Je sais pas, tu fais une approche tranquille... Tout dépend du lieu, des gens.... De la fille. Le truc c'est de rester toi même. Après pour draguer... Nah, j'suis pas un modèle...

Je ris. Je me sentais comme Cyrano de Bergerac, tiens, j'étais le beau parleur, Gaby le dragueur un peu "rustre" dans le sens pas très baratineur ou du moins habile à parler aux femmes. Je fis rouler ma bouteille de bière entre mes mains.

- Au pire... Essaye toi avec une des recrues. T'as le point commun de la Marine... Et le prestige de l'ancienneté.

J'étais moitié sérieux là. ça pouvait être drôle.

-T'as rien de mieux à me dire que de rester moi-même ? Le truc c'est que le physique ça compte un minimum là... Si je reste moi-même je vais me retrouver avec un bison poilu plus large qu'un tank.

Je manquais de m'étouffer de rire.

- Mec t'as de la merde dans les yeux. La petite sergent, à 14h, elle a pas arrêté de te bouffer du regard quand on passait récupérer la bouffe.

J'ajoutais qu'il pouvait toujours essayer avec une recrue. C'était pas parce qu'elles étaient dans l'armée qu'elles étaient moches. Bon, elles avaient assurément un bon petit caractère trempé, mais ça changeait pas énormément... Gabe manqua de se vautrer de sa chaise et me fixa.

-Tu veux que je tues le cuisinier ? C'est clair y a foutu un truc pas net dans ta bouffe !

Il se leva et me pointa du doigt en fixant le cuistot.

-T'a foutu quoi dans sa bouffe y nous fait une crise de débilité profonde le mec là !!!

Tout le monde se mit à rire ou presque. Gabriel me tapa sur l'épaule.

-T'es supposé être un frère pour moi et t'a rien de mieux à me sortir ? Franchement pour un mec trop romantique , t'es nul à chier ...
- Je suis pas sur le bon terrain là. Etre un soldat "Peaceful", c'est moyen, non ?

Il tira sur sa clope.

-T'inquiète si c'est trop compliqué je m'avouerai vaincu et c'est tout, mais ça vaut vraiment le coup d'essayer.

Je levai les yeux au ciel.

- Pars pas défaitiste. Bon... tu vois les femmes - même celles qui savent se servir d'un fusil d'assaut - elles aiment bien les petites attentions. Déjà, faut éviter le mode ours mal léché, et ça... tu vas l'avoir un peu rude mon vieux. Sans non plus dans tomber dans le truc du mec trop collant. Faut aussi savoir se faire désirer.

Je lui fis un sourire en coin.

- Au point que des fois tu trouves ça plus simple d'être sous des tirs croisés. Après... Je me souviens pas t'avoir vu draguer un jour. Donc, a moins que tu ne fasses une démo, je peux pas vraiment t'aider là. En dehors de te dire d'éviter les trucs genre "ton père c'est un voleur, il a pris toutes les étoiles pour les mettre dans tes yeux" et autres conneries.

Il n'y avait pas plus pathétique...

- Le mieux ça reste d'avoir un point commun. Ou quelques un, mais ne pas avoir TOUT en commun avec une personne, sinon ça devient platonique. Des questions ?

Je pressentais que ça allai être comique comme situation si Gabe essayait réellement de draguer. Il eut l'air de réfléchir.

-Elle m'a vraiment regardée ?
- Ouaips.

Comme n'importe qu'elle soirée dans une base, les gens s'occupaient comme ils pouvaient, boisson, bras de fer, musique, jeux de cartes. La routine. Gabriel s'enfonça dans son siège et fixais la sous officier qui l'avait pas lâché du regard. Elle se leva et partit dans l'autre sens.

-Arwouinnnn !

Il eut un rire.

- Allez, fonce...

Il finit sa bière et claqua la bouteille sur la table avant de se lever. J'observais son petit manège en riant franchement par moment. On aurait dit un ado. Je pouvais pas m'empêcher de rire. Surtout que la dame faisait preuve d'un sacré caractère. Ils étaient faits pour s'entendre. A la fin de leur "rencontre" houleuse, Gabriel revint se poser sur sa chaise.

-Avoue que je m'en tire plutôt bien non ? Alors c'est quoi le verdict ? Je suis certain qu'elle est folle de moi ... Tk moi je suis fou d'elle

Je me frappai le front du plat de la main

- Je crois que Noah aurait fait mieux.

Je me marrais un bon coup.

- Je crois que t'es désespéré. Mais ... rassure moi... t'as au moins son nom en plus de son grade ?... Bref... elle et toi vous m'avez l'air fait du même bois.

Je lui fis un sourire en coin.

- Le genre de bois qu'on se sert pour cogner sur les gens. Bon alors, tu vas lui offrir un verre ou tu fais le tapis de sol ?

J'étai moqueur... mais j'avais bien envie qu'il finisse par se caser un peu.

- Dix dollar que t'arrives pas à lui payer un verre.

J'étais à des milliers de kilomètres de chez moi, dans un coin perdu de l'Afghanistan. Je n'avais pas le mal du pays, même si je devais bien avouer que mon frère me manquait. Être Sergent, c'était pas trop mal, même si on avait des responsabilités. Mon unité était plus que correcte, et je m'étais fait ma place, non sans mal, mais j'étais faite du genre d'acier qui ploie mais ne casse pas.

Le retour de la section de O'Connor avait fait pas mal de bruit, surtout à cause de l'implication de deux vétérans que tout le monde accueillait comme le Messie en personne. Personnellement, j'étais d'avis qu'ils n'auraient jamais du avoir à débarquer de leur retraite. C'était à nous de sauver les autres, mais Fraser était trop con pour ça. Leur arrivée avait causé de l'émoi, presque tout le monde ici avait l'air de les connaitre, surtout les "anciens". Moi, ça ne me faisait ni chaud, ni froid, même si j'étais heureuse du retour de O'Connor et sa clique. On avait assez perdu de Marines comme ça.

Le plus vieux des deux avait l'air d'un ours mal léché, et personne ne le prenait mal. Malgré ça, il était plutôt canon. Je le suivis un moment des yeux, avant de me mettre à nettoyer mon arme. Je serais de service au petit matin, et je ne voulais pas que du sable vienne l'enrayer. L'ancien tenta une approche, repartit aussi sec, repassa, si bien que je le stoppai pour l'asticoter. Il rougit légèrement. S'en suivit une "discussion" qui se solda par mon couteau dans un pilier. Il valait mieux pour l'ancien qu'il n'ait rien. Il esquiva de justesse ma gifle avant d'aller se rasseoir. J'allais récupérer ma lame et la glissai dans son étui. Je terminais de nettoyer mon arme et la glissais dans mon holster. J'allais m'installer dehors. Il était encore tôt pour aller se coucher. Je sortis le papier plié qui constituait une lettre pour mon frère et mon stylo. J'étais décidée à rajouter quelques lignes lorsque j'entendis des pas. Je rangeai les deux objets dans ma poche avant de me retourner.

- T'en veux encore, ça t'as pas suffit une fois ?, raillai-je.

Il risquait de s'en prendre une vraie de par la figure.

Il arqua un sourcil.

-Non j'suis venu voir si t'avais mieux à proposer ...

Je me relevais sans rien dire. Il souffla et me tendit la main. Je la lui serrai rapidement, méfiante.

-Gabriel Riordan, je suis enchanté de te rencontrer malgré tout.

Il ponctua le tout d'un demi-sourire et d'un clin d'oeil. Si le premier m'avait l'air sincère, je levais les yeux au ciel pour le second. Il fourra ses mains dans ses poches.

- Skyler Kennedy. Bievenue à bord, matelot, fis-je avec un sourire un peu moqueur.

Toujours les mains au fond des poches, il haussa légèrement les épaules.

-Désolé pour tout à l'heure... J'ai pas l'habitude de voir une femme qui à un caractère en acier trempé, ça m'a un peu pris au dépourvu et dans ce genre de situation j'ai tendance à être un vrai con.

J'arquais un sourcil. Il leva les yeux et secoua la tête.

-Non en fait j'ai pas mal toujours tendance à être un vrai con
- J'avais pas remarqué.

Il rit et je souris.

- T'es pas tombé sur la nana la plus simple à vivre du régiment. Je sais pas ce que t'as dit Diego, mais s'il t'a laissé croire qu'on avait couché ensemble... Disons que c'est plus lui qui s'est couché le nez en sang.

Je souris plus largement. Depuis, Diego était plus respectueux, ça lui avait fait les pieds. Il pointa la poche où je rangeai toujours mon papier et mon stylo.

-À qui t'allait écrire ? Tes proches te manque ?
- C'est plus moi qui manque à mon petit frère.

Le quotidien des soldats.

- Il aime pas vraiment le changement, alors me voir troquer mes jeans et mes chemises pour un uniforme, il a du mal à s'y faire.

Je voulais pas trop m'étendre sur le sujet. Je n'aimais pas dire que David était autiste, les gens confondaient trop souvent ça avec "attardé" alors qu'il était loin de l'être. Il avait juste du mal avec les émotions.

-Écoute laisse moi te payer un verre et me racheter pour tout à l'heure tu veux ?

Je le fixais un instant.

- D'accord, mais on reste dehors. Et t'avise pas à parier quoi que ce soit avec Blondin, je te préviens.

Je lui fis un sourire narquois. Il opina et alla nous chercher deux bières. On se cala dans un coin.

- ça te manquait tant que ça le service ? Pourquoi tu t'es pas réenrôlé ?

En dehors d'être parmi les Marines, y avait pas grand chose que je me voyais faire. J'aimais bien être à l'autre bout du monde, même si le coin craignait à mort...